Adieu, il me faut partir
Le destin sépare les êtres
Que Dieu voulait réunir
Mais on se reverra peut-être.
Malgré son départ, Charles Aznavour restera parmi nous par sa voix, ses poèmes et sa musique. Emblème de la chanson française dans le monde, il incarnait, pour les Arméniens du monde entier, la « rage » d’un peuple à surmonter l’adversité et la puissance de la volonté sur le destin. De cette Histoire qui visait à la destruction des siens et de ses semblables, il a fait un message d’audace et de ténacité pour les générations à venir.
Né dans une famille rescapée du Génocide de 1915 qui avait trouvé refuge en France, il était le témoin d’une France terre d’accueil et de générosité. Son parcours illustrait ce que la République pouvait donner de meilleur à un enfant d’immigré.
Dans le sillage de ses parents qui avaient aidé le Groupe Manouchian contre l’envahisseur nazi et sauvé des Juifs pendant la Guerre, il a revêtu lui aussi l’uniforme des combattants de la paix. Par son engagement comme par ses chansons qui symbolisaient la France, il démontrait qu’être Français ne tient ni à sa nationalité, ni à sa religion, ni à sa couleur de peau mais en ce qu’on donne à la France.
Persévérant malgré les obstacles et les quolibets, il n’avait jamais cessé de croire en son rêve, travaillant avec acharnement et constance pour parvenir à l’excellence, démontrant que le succès et la gloire ne se gagnent qu’à la force du poignet.
Par ce qu’il a fait pour l’Arménie, lors du tremblement de terre de 1988 et par sa présence constante aux côtés des Arméniens, il donna tout son sens au mot « Solidarité », démontrant par les actes son adage selon lequel on pouvait être « 100 % Arménien et 100 % Français ». Ce faisant, il enseigna à des générations entières, parfois en mal d’identité, qu’une double culture peut être synonyme de fierté, d’harmonie et de richesse.
Amoureux de la langue française, sa poésie et son art n’ont pas seulement fait chanter, rire et pleurer, diffusant au monde entier les valeurs qui font aujourd’hui le ciment de la Francophonie. Il était la preuve que la musique et la langue françaises peuvent unir les peuples et faire battre leurs coeurs à l’unisson.
A l’heure où l’Arménie s’apprête à accueillir le Sommet de la Francophonie, le grand Charles a rendu son dernier souffle, comme pour le répandre au-dessus de ce grand moment de fraternité, et dire que nous devons poursuivre son œuvre dans le chemin qu’il a tracé pour nous.
Aujourd’hui son départ nous laisse tous orphelins. Chacun d’entre nous a le sentiment d’avoir perdu un membre de sa famille, parce que nous sommes Arméniens, parce que nous sommes Français, mais surtout parce que nous appartenons à cette universalité qu’il a créée.
Plutôt que le mot « Adieu » de ta chanson, nous préférons te dire « Merci », pour tout ce que tu nous as donné et pour ce que tu incarnes désormais pour les générations à venir.
Varbed-djan, nous pensions que tu étais immortel. Par l’œuvre que tu laisses et par l’exemple que tu as donné, nous savons maintenant que tu l’es déjà.
Merci.